Quelles relations monétaires entre la zone Euro et le reste du Monde?
par Christian de Boissieu, Professeur d'Économie à l'Université de Paris-I (Panthéon-Sorbonne)
Dans le débat « l'Euro sert-il fort ou faible? » il y a deux aspects. D'abord, le taux de change par rapport au Dollar et par rapport aux monnaies européennes autres. Ensuite, le rôle international, la « part de marché » dé' l'Euro sur la scène financière mondiale.
Les entreprises craignent que l'Euro consacre la surévaluation des monnaies européennes par rapport au Dollar, telle qu'on l'observe à la mil 997. Le taux de change entre Euro et Dollar sera déterminé par les marchés. Je crois que la question fondamentale est de savoir si l'Euro sera une monnaie « crédible ». Si l'Euro est perçu comme le prolongement du D-Mark, les taux courts en janvier 1999 seront le prolongement des taux courts sur le DEM en décembre 1998. Si la Banque Centrale Européenne se croit obligée de bâtir la crédibilité de sa monnaie, les taux courts risquent d'être plus forts.
La politique de la Banque Centrale Européenne dépendra largement de la position de la frontière entre monnaies européennes incluses et exclues de l'Euro. Le débat sur le « SME-bis », qu'on croit avoir réglé à Dublin, est encore ouvert. On ne pourra pas exclure un pays, l'Italie par exemple, et lui demander simultanément de ne pas avoir une politique monétaire agressive. Les entreprises ont encore en mémoire les bouleversements de 19939~4.
Quant au deuxième aspect, le rôle a une monnaie est évidemment lié à son taux de change, mais
Je crois que l'Euro crédible prendra plus facilement des parts dans le marché des réserves que dans le marché des transactions commerciales. Le DEM facture aujourd'hui 10 % du commerce mondial, le Dollar 4045 %. Le DEM représente 15-16 %des réserves, le Dollar 65%. Le Yen, qui vient juste après le DEM, ne représente que 89% des réserves. Il y aura une redistribution des rôles, mais cela prendra du temps. Cette redistribution profitera à l'Europe, à ses entreprises, à ses banques, mais aussi à ses consommateurs. L’Amérique perdra une partie de ses droits de seigneuriage, ce qui fait que l'Euro est un défi pour elle, pas seulement pour la France.
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