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28 septembre 2003

Premier table ronde

Quel impact sur les politiques économiques ?


Serge Moyet (MGM Consultants)

Le vrai problème est celui de la puissance de l'Euro. D'une part, les excédents commerciaux sont considérables avec les USA et le Jupon, d'autre part les pays participants seront par définition budgétairement vertueux. Les sociétés américaines, les fonds de pension prévoient déjà de renforcer leurs avoirs en Euro. Comment l'Euro pourra-t-il être une monnaie compétitive? Sa force va diminuer la compétitivité des entreprises européennes. Avec des taux courts à 2% et des taux longs à 4%, la marge de manœuvre de l'Institut Monétaire Européen sera faible. Il y aura aussi le problème des pays européens ne participant pas à l'Euro, dont les produits pourront pénétrer librement le marché commun et qui pourront se livrer à la dévaluation compétitive. La livre Sterling pourrait devenir le vrai cauchemar de l'Euro.

Patrick Artus

Beaucoup d'investisseurs non-européens détiennent des devises européennes dans un but de diversification du risque de change. L'Euro lissant ce risque, ils devraient en détenir moins que la somme de leurs avoirs actuels en monnaies participantes.
Il y aura, en effet, un problème d'équilibre entre offre et demande de papier en Euro à cause des excédents commerciaux.
Sur le sujet précis de la livre Sterling, il n'y a pas eu réellement de dévaluation compétitive en 1992-93. Les britanniques ont réduit les taux courts pour relancer l'économie nationale par la demande, ce qui est leur mode de régulation conjoncturelle ordinaire car ses ménages sont largement endettés à taux variables. L'Italie utilise un mode de régulation analogue car ses ménages détiennent des actifs très courts, donc sensibles aux taux. On observe que la Grande Bretagne n'a pas gagné de parts de marché dans l'opération; ses exportateurs ont simplement amélioré leurs marges.

Christian de Boissieu

Parmi les motivations de l'Euro, il y a la redistribution des droits de seigneuriage. Les américains ont profité du rôle prééminent du Dollar depuis 1950, mais il semble que ce rôle soit contesté depuis une quinzaine d'années, sans qu'un remplaçant ait été trouvé. Cela pourrait bénéficier à l'Euro, d'autant qu'il existe un cercle vertueux dans le choix d'une monnaie de réserve : l'usage appelle l'usage. Mais ce rééquilibrage ne garantit pas une plus grande stabilité des taux de change.

Jérôme Henry

Même si la motivation de diversification s'estompe, comme l'a dit P. Artus, on peut imaginer que des acteurs aient une demande de papier sur des échéances longues. Malgré le pacte de stabilité, il pourrait y avoir une différence de qualité dans les signatures, donc une prime de risque variable, même pour des obligations libellées en Euro.

Gilles Charbit (MATIF S.A.)

On fait une constatation étonnante depuis le début de 1997 : le « spread » entre les OAT (françaises) et les Bund (allemand) s'est inversé. Certains n'y voient qu'un effet mécanique de la forte demande pour les Bund à titre de diversification. Auriez vous une autre explication ?

Patrick Artus

Ce qui se passe aujourd'hui est un simple effet de liquidité : il y a en France un énorme excédent d'épargne longue, tandis que l'Allemagne doit trouver tous les ans environ 80 milliards de DEM.

Comment fonctionneront les marchés après la monnaie unique? Au départ, on empilera plutôt qu'on ne fusionnera les marchés. Quand l'Italie émettra en Euro, comment sera calculé le « spread » ? Notre sentiment est que ce sera par rapport au « swap », seul marché unifié, multinational et indépendant.

Christian de Boîssîeu

Dans l'inversion récente des primes de risque entre Franc et DEM, il y a peut-être la prise de conscience de la fragilité sociale en Allemagne. La Fragilité française était connue depuis longtemps.

Tchetche Nguessan (Université d’Abidjan)

La parité entre l’Euro, et le Franc CFA sera-t-elle tenue fixe? Quelle sera l'incidence de la politique de l'Institut Monétaire Européen sur les économies africaines?

Christian de Boissieu

Sur le taux de change, on verra comment le marché réagira. Le FCFA étant ancré à l'Euro et non plus au FRF, il y a une réponse administrative : c'est le Trésor français, et non la Banque de France, qui gère le compte d'opérations africain. Mais cette réponse me paraît d'ordre cosmétique.

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