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28 septembre 2003

Les conséquences concrètes de l'Euro pour les entreprises françaises

Publié par Jacques Creyssel | N° 12 - L'Euro : Un défi pour la France

par Jacques Creyssel, Directeur Général au CNPF, chargé des affaires économistes et de la coordination stratégique


Quand on parle de l'Euro devant un public de chefs d'entreprises, il est clair que (I) ça les intéresse, (II) ça les inquiète et (III) il ne sont pas encore très mobilisés.

Ça les intéresse ...

parce qu'ils en attendent quatre avantages : la fin des dévaluations compétitives, une réduction des coûts, un meilleur équilibre du système monétaire et une remise en ordre de nos finances publiques.
1.Depuis 1992, les dévaluations compétitives ont coûté environ 130 milliards de Francs d'exportation aux entreprises françaises.
2.Il résultera de l'Euro une réduction des coûts de change, mais surtout des intérêts à court terme. Les entreprises françaises ont peu de fonds propres, donc les fluctuations des taux courts leur coûtent plus qu'à leurs concurrentes.
3.Je passe sur l'équilibre du système monétaire (qui est largement traité par les autres conférenciers).
4.La remise en ordre de nos finances publiques n'est pas directement une conséquence de l'Euro, mais elle devra évidemment avoir lieu à cette occasion.

Ça les inquiète ...

parce que le passage sera compliqué et coûteux. Jean Lemièrre a mis en place un groupe de travail présidé par Pierre Simon et moi-même, qui a identifié six contraintes et cherché les solutions.
1.Il faut minimiser les investissements qui ne serviront que pendant la période transitoire.
2.Pièces et billets ne seront disponibles qu'en 2002. Or les entreprises ont plutôt vocation à effectuer le passage au début de la période, tandis que les consommateurs passeraient à l'Euro plutôt vers la fin, sans que cela soit imposé. Il faudra mettre en place un scénario progressif.
3. Les entreprises sont très diverses. Celles qui travaillent pour des entreprises, et surtout à l'international, passeront à l'Euro très vite. Celles qui travaillent pour les particuliers y passeront surtout vers 2002. Les grandes s'efforceront de réaliser en même temps le passage au troisième millénaire et celui à l'Euro.
4.Il ne faut pas multiplier les « big bangs » car les informaticiens ne seraient pas disponibles, donc il y aurait des risques de pannes.
5.Nous devons maintenir notre compétitivité. Dès l'instant que les Belges, les Luxembourgeois et les Irlandais ont opté pour le libéralisme, l'Euro ne doit pas être un facteur de rigidité chez nous.
6.Tous les acteurs : PME, consommateurs, salariés, etc. seront perturbés dans leur vie quotidienne. Il faut prévoir des mesures d'accompagnement psychologique.
Devant ces six contraintes,



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Figure n°1 :


nous avons défini trois principes majeurs : permettre aux entreprises de passer à l'Euro quand elles le souhaitent, faire en sorte que le passage ne perturbe pas leurs relations avec leurs partenaires et leur donner dès maintenant une vue d'ensemble.
Premier principe : pour passer à l'Euro quand elles le souhaitent, et au moindre coût, les entreprises pourront tenir leurs comptes en Euro dès 1999. Quand elles le feront, elles seront autorisées à produire leurs déclarations fiscales en Euro, ou en Francs résultant d'une simple multiplication par un taux de change unique. Ni les entreprises ni l'administration ne désirent entretenir de doubles systèmes de comptes. Les déclarations sociales devant être en Francs jusqu'à la fin de la période transitoire, nous étudions des moyens techniques et surtout nous voudrions que les entreprises puissent effectuer le passage plus tôt. Pour convertir le capital social de l'entreprise, nous proposons que le conseil d'administration ait délégation de pouvoir, et éventuellement même que le nominal des titres disparaisse.
Deuxième principe : quand une entreprise passe à l'Euro, son choix ne doit pas s'imposer à ses partenaires. Entre entreprises, cela se mettra en place facilement. Vis-à-vis des banques ' le problème semble déjà réglé : les moyens scripturaux seront disponibles à temps. Vis-à-vis des salariés, la production de bulletins de salaire en Euro ne semble pas une demande pressante; cela se fera par accord entre les parties, plutôt en fin qu'en début de période. Enfin, vis-à-vis des consommateurs, il semble préférable de ne pas traduire tous les prix dès le départ : cela les perturberait plutôt. Il vaut mieux leur livrer une information progressive pour qu'ils l'assimilent tranquillement. En revanche, la période de six mois pendant laquelle il y aura double circulation de billets devra être aussi courte que possible.
Troisième principe: nous avons fait une série de propositions techniques pour que les entreprises connaissent les risques d'accélération qui les concernent et prennent leurs dispositions.

Ça ne les mobilise pas encore énormément

c'est pour cela que nous envoyons un message clair : « il ne vous reste que ,400 jours ». Nous vous fournissons les moyens matériels, mais c'est à vous de faire le travail sans attendre toutes les réponses à toutes les questions. Pour être prêts à temps vous devez, non seulement fixer votre propre rythme et le suivre, mais aussi vous préparer à d'éventuelles accélérations indépendantes de votre volonté.

Autrice

Jacques Creyssel

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