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28 septembre 2003

La politique monétaire de la BCE: instruments et objectifs

Publié par Jérôme Henry | N° 12 - L'Euro : Un défi pour la France

par Jérôme Henry (84), Institut Monétaire Européen


Le système européen des Banques centrales (SEBC), qui sera composé de la Banque Centrale Européenne (BCE) et des banques centrales nationales des pays membres de l'Union monétaire, aura comme objectif final de politique monétaire la stabilité des prix. Cet objectif final est conforme aux dispositions de l'article 105 du Traité de Maastricht et s'imposera donc en tant que tel au futur SEBC.
En revanche, il appartient à la BCE de définir ce qu'elle retiendra comme indicateurs de référence pour la conduite de sa politique monétaire à moyen terme et comme outils et procédures d'intervention à court terme. Si cet éventail d'instruments n'a pas encore été arrêté de façon précise ' il semble aujourd’hui acquis, selon l'Institut Monétaire Européen (I.M.E), que le SEBC annoncera son objectif final de façon explicite et fondera effectivement sa politique monétaire sur l'observation d'une série d'indicateurs économiques nécessaires aux prévisions d'évolution du niveau général des prix sur longue période.

LE CHOIX D'UN OBJECTIF INTERMÉDIAIRE

Compte tenu de l'incertitude sur la possibilité &influencer l'inflation à long terme par l'intermédiaire d'une politique monétaire à court terme, la BCE pourra choisir de s'appuyer sur l'observation d'un indicateur - dit objectif intermédiaire - capable dé' renseigner sur les évolutions de l'inflation dans le futur, tel qu'une parité de change, le niveau de la masse monétaire ou un taux d'inflation à 23 ans.
Selon l'IME, le ciblage de change n'est pas adapté aux caractéristiques de l'Union Economique et Monétaire (UEM); ce type d'objectif intermédiaire



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Figure n°1 :


permet en effet à un petit pays, dont l'économie est particulièrement tournée vers l'extérieur, en se fixant une parité de change vis-à-vis d'un pays plus important, d'importer un faible niveau d'inflation et de bénéficier par conséquent d'une crédibilité accrue de la politique monétaire qu'il conduit. Cette situation ne sera pas celle de l'UEM pour laquelle l'essentiel des échanges sera interne à la zone. Le choix d'un objectif intermédiaire consistant à contrôler le niveau de la masse monétaire repose sur l'idée selon laquelle les prix reflètent finalement les évolutions monétaires. La BCE qui choisirait cet indicateur serait conduite à relever ses taux d'intérêt dès que le niveau de la masse monétaire excède la quantité compatible avec une inflation stable et une croissance potentielle connue a priori. C'est cet objectif intermédiaire qui est actuellement celui de la Bundesbank. Mais le ciblage peut également reposer sur le taux d'inflation à moyen terme, dès lors que l'on suppose que celui-ci fournit une bonne image de l'inflation sur longue période. C'est la pratique de la Bank of England.
Quel que soit l'objectif intermédiaire retenu, sa validité en tant que tel sera conditionnée par la stabilité de son lien avec l'objectif final de stabilité des prix mais aussi par l'efficacité de la transmission de la politique monétaire de court terme, c'est-à-dire l'influence des changements de taux d'intérêt sur l'objectif intermédiaire.

LE CHOIX DES INSTRUMENTS ET DES PROCÉDURES

Pratiquement, la BCE sera amenée à intervenir sur les taux d'intérêt, d'une part par l'intermédiaire des facilités



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Figure n°2 :


permanentes de prêts et de dépôts mises à la disposition des banques, d'autre part via des opérations d'openmarket, à son initiative, destinées à la fois à approvisionner le marché en liquidités à intervalles réguliers et à réguler, par une politique de « fine tuning » le niveau de liquidités disponibles sur le marché interbancaire.
En ce qui concerne les facilités, il est prévu, selon MME, que la BCE définisse un taux plafond pour les prêts et un taux plancher pour les dépôts, ces deux limites constituant les bornes d'un corridor d'évolution qui devra être respecté par les taux d'intérêt au jour le jour. Par ailleurs, les opérations d'openmarket pourront se faire par achat ou vente de titres, voire par émission de titres BCE à court terme.
Il pourrait de plus être instauré un système de réserves obligatoires qui permet d'atténuer l'impact des éventuels chocs de liquidité non anticipés.
Enfin, la politique monétaire dans le SEBC ne pourra sans doute pas faire l'économie d'une harmonisation entre les différents états membres des normes en matière de garanties offertes et acceptées, sans lesquelles la BCE - conformément au Traité de Maastricht - n'est pas autorisée à prêter.
Ces choix se feront par consultation plus ou moins formelle de l'ensemble des banques centrales intéressées et devront bien entendu être acceptés ultérieurement par le Conseil des Gouverneurs des banques centrales de l'Union. Cette méthode de travail ayant comme ambition, comme le souligne l'IME, de « dégager le meilleur système possible, en empruntant à chacun des pays ce que sa politique monétaire présente de plus performant ».

Autrice

Jérôme Henry

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