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28 septembre 2003

Les atouts des banques françaises dans les services financiers

par Christian P Ménard, Directeur Général de Barclays Bank PLC


L’Union Économique et Monétaire (UEM) va intensifier les pressions concurrentielles dans l'ensemble de 'l'industrie financière européenne. La conséquence inévitable sera l'élimination des moins performants et la concentration des activités dans les centres les plus efficients. Cette évolution peut être vérifiée par les expériences américaine et japonaise.
La concentration en Europe se fera sur trois places : Paris, Londres et Francfort. L’impact sera majeur sur les atouts concurrentiels des différents acteurs.

Le passage à l'Euro ne se résume pas à un simple processus technique. Ce sont toutes les relations entre la banque et ses clients qui doivent être repensées, pour répondre aux attentes et satisfaire la clientèle dans tous ses segments. Cela concernera l'ensemble des produits et services fournis aux entreprises et aux particuliers.
Pour les grandes entreprises et les institutionnels, cela impliquera l'offre de nouveaux produits et services, des conditions encore plus favorables et une assistance coûteuse durant la phase transitoire. Il faudra assurer la continuité des contrats, les règlements inter-entreprises et les règlements aux clients et aux fournisseurs.

Pour les PME, PMI et professions libérales, il faudra assurer un standard de qualité et des conditions de vente similaires à celles faites aux grandes entreprises. Il faudra en outre personnaliser les produits et services, et construire des offres globales pour chaque personne et chaque entreprise.
Pour les particuliers il Faudra offrir des produits « Euro » dès 1999 * Les comptes devront être en FRF et en Euro. Les comptes à vue devront être rémunérés. Pour les épargnants, il faudra réallouer et diversifier les actifs. Au total, on assistera à une accélération de la multi-bancarisation et du « sur-mesure » de masse. Le frein à cette évolution sera l'absence ou la lenteur des harmonisations fiscales entre pays participants.
Pour la banque, il y aura modification du Produit Net Bancaire (PNB) et surtout restructuration de ce PNB. La banque perdra des revenus de change, des marges sur les instruments à taux fixe et sur les produits dérivés, etc. L’intensification de la concurrence et la concentration des activités de marché auront aussi un impact sur les niveaux de rémunération des opérations.
Du côté des coûts, il y aura évidemment les coûts techniques d'adaptation des équipements et la formation des personnels. Il faudra aussi prévoir des budgets de communication et plus généralement s'attendre à des coûts inhérents aux changements culturels.
Au total, il y aura donc amenuisement des revenus et augmentation des coûts. Cela, dans un environnement de concurrence exacerbée. Les banques qui s'en tireront le mieux seront celles qui disposeront de fonds propres et d'un cash﷓flow significatifs. La taille et les ressources humaines joueront aussi un grand rôle.
Les banques françaises sont affectées de handicaps externes : réglementation archaïque, parts de marché faibles, distorsions de concurrence et contexte juridique défavorable aux acteurs financiers. En interne, les banques françaises souffrent de l'absence de choix entre les métiers de production et de distribution, de l'émiettement stratégique et de la dispersion géographique.
Elles ont toutefois une avance technologique non encore exprimée, donc des gains latents en productivité. Elles opèrent sur un marché domestique dont l'incroyable complexité les protège de la concurrence étrangère.
L’absence d'harmonisation des fiscalités européennes leur profite aussi : fiscalité de l'épargne (retenues à la source), fiscalité des intermédiaires et fiscalité des personnes physiques et morales. Les banques françaises disposent aussi d'un personnel d'une qualité exceptionnelle.

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