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13 février 2004

Bilan des mutations du paysage financier depuis le milieu des années 1980

Faire le bilan des mutations du paysage financier depuis le milieu des années 1980 revient à dresser un tableau du processus de modernisation de l'appareil financier, modernisation qui a eu au moins deux conséquences majeures: une moindre intervention de l'État, et un élargissement considérable du recours au marché. Ces dix années de mutations ont été marquées par quelques dates clé: en 1984, la législation bancaire française qui datait pour partie du début du siècle, pour partie de la fin du XIXe, est totalement remise à plat; la notion juridique d'établissement de crédit est ainsi définie, et une seule législation s'applique à tous: c'est la banalisation du réseau bancaire. À partir de 1985, l'ouverture du marché monétaire à tous les investisseurs, et en particulier aux entreprises, leur permettent de trouver des financements à court terme sans recourir aux banques. 1985 marque aussi le début de la modernisation de la politique d'émission de la dette publique, avec notamment le recours à l'adjudication, et une internationalisation croissante des émissions. 1986 est une autre date symbolique: c'est la naissance à Paris du Matif, Marché à Terme des Instruments Financiers, une naissance qui consacre un processus plus général de modernisation et de libéralisation des marchés financiers.

Toutes ces innovations ou mutations font du taux d'intérêt le seul véritable régulateur des grands équilibres dans le cadre d'un grand marché unifié de l'argent. L'unification qui dépasse progressivement les frontières de l'hexagone avec en 1989 la fin du démantèlement du contrôle des changes, dans la perspective de l'intégration européenne qui débouchera demain sur l'Union Économique et Monétaire.

Enfin, les mutations des marchés financiers ont entraîné en France une évolution profonde du secteur public: c'est d'abord en janvier 1983 la loi sur le développement des investissements et la protection de l'épargne, qui ouvre la voie à un désengagement progressif de l'État, et la possibilité offerte aux entreprises nationales de recourir en partie au financement des marchés, avant bien sûr que ne débute la première vague des privatisations en 1986 et que se développe celle de 1993.

MichelJacob
Directeur Général de la Compagnie Financière Edmond de Rothschild
Yves Mansion
Directeur Général des AGF
Gérard Pfauwadel
Président de Matif S.A.

Autrice

MichelJacob, Yves Mansion, Gérard Pfauwadel

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