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14 février 2004

Commentaires et questions

Question : C'est une question ponctuelle, c'est un sujet qui a déjà été abordé. Est-ce que vous pourriez nous repréciser le point suivant: beaucoup d'économistes pensent que l'embellie des soldes d'opinion aux enquêtes de conjoncture de la part des Industriels serait peu ou prou liée avec l'amélioration que l'on constate sur leur situation financière, et en particulier de trésorerie. Est-ce que vous pourriez nous donner votre point de vue là-dessous ?

P. Champsaur: Une façon de reformuler votre question: vous craignez que cette embellie des enquêtes de conjoncture ne soit un peu trompeuse.

Il faut revenir un petit peu en arrière. Dans les enquêtes de conjoncture, il y a des questions de natures diverses. Ce qui s'est redressé le plus tôt et le plus fortement, ce sont les réponses portant sur la question « perspectives générales», c'est-à-dire l'ambiance.
Quand les entreprises répondent à cette question, elles ne répondent pas sur ce qui se passe dans leur entreprise, mais sur la perception qu'elles ont de la situation économique générale. Pour l'instant, c'est cette dernière qui s'est redressée le plus. Ce qui, effectivement, ne donne pas d'information précise sur ce qui se passe dans chaque secteur ou entreprise. Ceci dit, même si les réponses à ce type de questions n'entraînent pas quelque chose de très précis quant à ce qui se passe en ce moment, l'expérience a montré que, à condition que cela continue bien entendu, c'est susceptible de jouer pas mal sur les décisions des entreprises, par exemple en matière d'investissements.

Par ailleurs, le redressement sur les autres questions est également assez net. Il s'est fait à un rythme plus lent, et surtout il ne concerne pas tous les secteurs. C'est-à-dire que pour l'instant, et c'est bien ce que j'ai dit au début ' cela a commencé par les biens intermédiaires, et notamment la chimie, les matériaux de construction, avec un rôle important de la demande étrangère. On a vu également, toujours lié à la demande étrangère, se redresser les perspectives dans un certain nombre de biens d'équipement. Donc le redressement des perspectives personnelles des entreprises n'est . pas encore général. Même si au total il y a redressement.

La transformation de ces réponses qualitatives en chiffres est évidemment délicate. Une difficulté pour mettre en relation les réponses des entreprises avec ce qu'on constate par exemple dans l'indice de la production industrielle, c'est que vous pouvez avoir (c'est ce qui s'est passé à l'automne) un secteur qui répond que ça va très mal (comme l'automobile) mais dont la réponse est relativement peu détériorée par rapport au printemps, où ça n'allait pas très bien. Or, on constate qu'à l'automne, sans doute parce que les industriels de l'automobile en France avaient peut-être un peu anticipé à la fin du printemps ou au début de l'été un redressement qui n'est pas venu, il y a une certaine déception. Donc à l'automne, il y a eu un nouvel ajustement très important de la production dans le secteur automobile, qui a baissé de plusieurs points, et qui a pesé sur la production industrielle directement et indirectement pour les secteurs qui sont liés à l'automobile. On ne convertit pas comme ça arithmétiquement des enquêtes de conjoncture en indice de la production industrielle. Mais ceci dit, les indications, je crois, sont assez nettes, et la dernière enquête que l'Insee vient de publier confirme les mouvements précédents et surtout, indique qu'à l'exception de l'automobile, où il y a encore pour certains constructeurs un ou deux mois d'ajustement à attendre, le niveau des stocks est revenu à un niveau tout à fait normal. Et même dans certains cas est inférieur à la normale, par exemple certains secteurs de biens d'équipement, ce qui est une surprise. Ce qui signifie que le raisonnement que je faisais tout à l'heure, à savoir qu'il y a une reprise en cours tirée par la demande des entreprises, est de plus en plus solide. Et ce phénomène, j'insiste, est général en Europe.

Par ailleurs, il y a des secteurs hors industrie qui vont de mieux en mieux. L'industrie agro-alimentaire ne va pas si mal, et grâce à l'étranger, à l'exportation en particulier, bénéficie incidemment des baisses de prix liées à la réforme de la PAC, donc elle améliore sa compétitivité en ce moment.

D'autre part, j'ai fait une allusion tout à l'heure au logement. Le marché du logement est bien reparti. Les promoteurs nous l'ont dit dès le printemps, dès nos enquêtes disponibles fin juin. Et depuis, les promoteurs sont de plus en plus optimistes. lis constatent une croissance de la demande, ils constatent une baisse de leurs stocks, et ils ont des projets. En termes d'activité dans le bâtiment, il y a évidemment un délai, mais nos enquêtes dans le bâtiment aussi se redressent en ce moment. Et il semble qu'elles se redressent par exemple du fait de la relance des dépenses des ménages en matière d'entretien et de réhabilitation de logement.

Là encore, on voit l'industrie des matériaux de construction, qui est très liée au bâtiment, se redresser.

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