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16 janvier 2004

Ici, Londres…

Publié par François HADA | N° 23 - London Calling

Vingt siècles d’Histoire. Londres, ville précoce, était déjà une grande ville il y a plus de 15 siècles, et son port était déjà un lieu de puissance en Europe au temps des rois normands. Mais de quel moule assez grand la ville est-elle sortie ?

Pouvoir économique, Londres est aussi un pouvoir culturel de premier rang, l'un des centres des arts et de la mode les plus créatifs. Elle est aussi la capitale d'une puissance politique de premier plan, le Royaume-Uni, qui siège au Conseil de sécurité de l'ONU, et qui trouve dans le Commonwealth qu’elle dirige un formidable débouché pour ses produits.

Reliée au monde par son port, deux aéroports (Heathrow et Gattwick), le Tunnel sous la Manche et l’Eurostar, c'est l’intégration de Londres dans le réseau mondial qui fait son importance.

Insérer image sur une colonne pas plus, si la définition le permet.

London donne le ton

Londres est une ville riche. Le grand Londres a réalisé en 2000 un Produit intérieur brut de 280 milliards d’euros, soit le sixième du PIB national, davantage que Portugal, la Grèce ou la Norvège. Le PIB par tête était alors de 33 223 euros, soit presque 2,5 fois la moyenne nationale. Est-ce pour cela que le coût de la vie y est l’un des plus élevé du monde, supérieur à celui de New York ?

En 2001, le National Statistics recensait 674 280 entreprises dans la région de Londres, soit près d’un cinquième du total britannique. L’économie de la métropole londonienne est largement tournée vers les activités tertiaires, en particulier la banque, la finance et l’assurance. Voilà qui doit résonner doux aux oreilles des Ensae. Avec en 2002 près de 300 filiales de banques étrangères, Londres est, avec New York et Tokyo, l’un des trois grands pôles financiers mondiaux. Le London Stock Exchange, avec 1 000 milliard d’euros de capitalisation, est la 3e Bourse du monde.

Jusqu’en 2001, plus de 28 millions de personnes visitaient Londres chaque année, dont la moitié venaient de l’étranger. C’est pourquoi tourisme crée à lui seul 13 Mds euros de richesse annuelle, contribuant à hauteur de 8% du PIB du Grand Londres, et employant environ 275 000 personnes (+20% depuis 1996). Toutefois, les attentats du 11 septembre 2001 et la crise irakienne, ont soumis ce secteur à un fort ralentissement de son activité.

Insérer les 4 images ci-dessous en mosaîque sur 1 ou 2 colonnes avec la légende: "Quelques sites touristiques".

Enfin, l’industrie manufacturière londonienne est encore présente. Elle contribue à plus de 10% au PIB de la métropole et comporte secteurs traditionnels du textile et de l’habillement, secteurs pharmaceutique, optique, informatique et électronique. 16 000 firmes ont créé en 2001 une richesse d’environ 27 Mds euros.
Insérer sur une colonne la carte ci-dessous

Surtout, Londres fait partie de cette demi-douzaine de villes qui concentrent des activités d'innovation et de commandement internationaux. Elle est sans doute l’une des trois villes globales avec New York et Tokyo, centres du pouvoir économique mondial, places financières incontournables, qui dialoguent avec Wall Street et la Bourse de Tokyo. Ce n’est pas Francfort qui donne le ton en Europe, mais la City de Londres. Londres est le siège d'entreprises de niveau mondial, de banques, d'assurances très puissantes sur la scène financière internationale.

Le facteur migration

Le Grand Londres compte de nos jours une population de plus de 7,2 millions de personnes. Cette population est relativement jeune puisqu’en 2001, 47,4% appartenaient au groupe d’âge des 16 à 44 ans, contre 40% au niveau national, et que les personnes ayant atteint l’âge de la retraite (plus de 65 ans) sont légèrement moins nombreux (14,4%) que pour le Royaume-Uni dans son ensemble (18,4%).

Bien que très attractive, la croissance démographique « naturelle » de Londres est plutôt faible. Malgré cela, la population ville n'a cessé de croître et ceci s'explique par la forte migration. Jadis Ville d'asile politique pour les Européens (huguenots, fidèles de Napoléon sous la Restauration, les résistants aux nazis...), Londres accueille aujourd’hui nombre de ressortissants du Commonweath. Pour la majorité d’entre eux, les immigrants étrangers sont venus d'Inde, du Pakistan, du Bangladesh et des Caraïbes. A cette population de l'immigration traditionnelle vient s'ajouter des ressortissants de Chine et du Japon.

Insérer les 2 images ci-dessous, sur 1 ou 2 colonnes, avec légende: "Chinatown"

Comme ailleurs en Europe et notamment France, les autorités britanniques cherchèrent au début des années 1950 dans l’apport d’une main-d'œuvre provenant du Commonwealth à aider au développement de l’économie du royaume. La Grande-Bretagne se tourna d'abord vers les "West Indies", c'est-à-dire vers la Jamaïque et autres anciennes colonies des Caraïbes. Ces premiers immigrants s’installèrent les quartiers du Sud-Ouest de Londres (Brixton, Lambeth). En 2002, le pourcentage des minorités ethniques présentes dans la région était très élevé par rapport à la moyenne nationale (28,4 % contre 7,6 %). Environ 300 langues sont parlées dans la capitale.

L’intégration de ces immigrants se fit au début sans problèmes majeurs, et ces populations récemment arrivées s'organisèrent en communautés. Toutefois, cette atmosphère plutôt calme céda la place à de fortes tensions raciales dans les années 1980, débouchant même sur des émeutes violentes en 1981. Il est vrai que ces quartiers ont été durement frappés par la crise économique des années80 et sont aujourd'hui marqués par les plus forts taux de chômage.

En effet, si le taux de chômage à Londres a fortement baissé de 1995 à 2001, il reste supérieur à la moyenne britannique : en légère hausse en 2002, il était de à 6,5 %, contre 5,2% pour le Royaume-Uni.
Plus de 3,5 millions de personnes compose la population active du Grand Londres , soit 12,4% de la population active totale britannique. Certes, il est important de noter que le salaire horaire moyen y était en 2002 de 24,5 euros, c’est à dire nettement supérieur à la moyenne nationale (17,8 euros). Toutefois, à l’instar de tout le pays, le salaire des femmes était en 2002 moins élevé que celui des hommes. A Londres, en 2002, une femme gagnait en moyenne 2 013 euros par mois, contre 2 878 euros par mois pour un homme.

En fait, Londres est une des villes les plus inégalitaires du Royaume-Uni. La pauvreté y est l’une des plus fortes de tout le Royaume et touche particulièrement les enfants : 44% des enfants sont pauvres, c’est à dire qu’ils vivent dans un foyer où le revenu se situe sous le seuil de pauvreté (la moitié du revenu médian national).

Long live London…

Les nombreux défis auxquels Londres doit faire face sont loin d'être remportés : en matière de transports ou encore d'application des programmes d'urbanisation, la ville a encore beaucoup à faire. La société londonienne rencontre aussi des difficultés : la complexe intégration des minorités dans cette Babylone moderne en est une illustration. Pourtant, Londres est aussi un exemple réussi à de nombreux égards de cohésion urbaine, en ce sens qu'elle regroupe toutes ces petites "villes dans la ville", qui ont leur identité leur fonctionnement et une certaine autonomie.

Mais si Londres est unique, ce n’est pas seulement par sa configuration, par les phénomènes urbains qu'elle génère, mais aussi par cette aptitude particulière à savoir concilier traditions londoniennes et intégration dans la sphère mondiale. En un mot, l’avenir lui appartient… aussi.

Autrice

François HADA

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