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19 décembre 2017
S’imaginer Paris en 2050
Publié par
Dominique Alba
| Immobilier
Que sera Paris en 2050 ? Tout autre que celui d’aujourd’hui ? Dans les années 1850-1860, la capitale amorce une métamorphose qui la bouleverse. De même après la Seconde Guerre mondiale quand les idéaux modernes bousculent son urbanisme et son architecture. Au début du troisième millénaire, le développement durable appelle une nouvelle mue, radicale, dont l’ampleur traduira l’engagement de chacun. Comme toutes les villes, Paris doit trouver en son sein une part croissante de ses ressources énergétiques et alimentaires.
Les connaissances et les outils nécessaires à une telle transformation sont disponibles.
L’étude approfondie de l’ensemble des services urbains et des constituants de la ville permet aujourd’hui d’en identifier les composants, de les analyser, de les décrire, de les quantifier. Grâce à la puissance numérique, leurs informations croisées, superposées, cartographiées sont accessibles à tous.
La ville passée au scanner se révèle une constellation de systèmes. En les interrogeant, le changement climatique les met en tension, montre que leur efficacité dépend de leur mutualisation, de leur synergie, à l’image du croisement des réactions chimiques en chaine du métabolisme des êtres vivants.
Désormais, il est possible de penser et d’enclencher les mutations de Paris à partir des sujets liés à l’environnement. Il ne s’agit plus de planifier les formes urbaines, mais de libérer et d’articuler des potentiels d’évolution, parfois déjà là, présents, sous nos yeux, sous nos pieds, et pourtant le plus souvent ignorés.
Paris aujourd’hui, c’est plus de 2 240 000 habitants, une superficie totale de 105 km² y compris les bois de Boulogne et de Vincennes, traversée par 1 700 km de voies. C’est aussi 127 000 bâtiments, 146 millions de m² construits dont 95 millions de m² consacrés aux logements, 126 000 arbres d’alignements, 3 000 hectares d’espaces verts et 460 hectares de toitures terrasses.
Le sous-sol révèle les potentiels de la géothermie, l’extraordinaire maillage des égouts et la valorisation de ses effluents, mais aussi l’existence de réseaux exceptionnels : ceux des eaux potables et non potables réalisés sous Napoléon III ; celui du chauffage urbain. L’eau potable court jusque dans chaque appartement, chauffée pour la cuisine et l’hygiène. Salie après usage, ses calories pourraient être récupérées. Le réseau d’eau non potable, un temps délaissé, réactivé, étendu, sert déjà et servira davantage à l’arrosage des parcs, des parterres et des pieds d’arbres, au nettoyage des rues, à leur rafraîchissement comme à celui de l’air par évaporation pendant les épisodes caniculaires. Une efficacité renforcée quand s’ajouteront les eaux pompées en continu autour des constructions souterraines aujourd’hui le plus souvent rejetées à l’égout. Le réseau de chaleur amorcé dès 1927, avec ses 480 km de longueur, dessert 18 communes de la métropole et un quart des m² construits dans Paris dont 20% des m² de logements. Sa vapeur produite en partie par l’incinération des ordures ménagères dit toute l’importance de leur récupération, de leur valorisation, les économies d’échelle obtenues.
Les immeubles existants et à venir révèlent d’autres potentiels. De la tête au pied. Les plus hauts pourront accueillir des éoliennes, d’autres des terrasses en partie colonisées par des capteurs solaires thermiques et photovoltaïques, des plantations, voire des micro-parcelles de cultures vivrières. La végétalisation des toits s’étendra aux murs pignons, balcons et pergolas et rafraichira la ville en période de canicule. Requalifiées par des panneaux extérieurs d’isolation thermique, épaissies grâce à une double peau vitrée, des façades capteront l’énergie à l’usage et au bénéfice de la copropriété. De nouveaux ouvrants stimuleront la ventilation naturelle, minimisant l’utilisation de la climatisation. Les boucles locales d’énergie, ces réseaux de chauffage de faibles dimensions, échangeront calories et frigories entre îlots et immeubles voisins suivant leurs besoins. L’eau de pluie récupérée en toiture, guidée, alimentera des miroirs d’eau, arrosera la flore et en particulier les arbres d’alignement nouvellement plantés dans les quartiers sensibles aux pics de chaleur. Au sol, béton et bitume désormais perméables la laisseront s’écouler vers des réservoirs d’où, pompée, elle servira au nettoyage des sanitaires et à l’arrosage, etc. La carte qu’on trouvera ici rassemble l’ensemble des informations sur ces potentialités.
Cette gestion croisée des ressources s’étend à la maîtrise des consommations de matières premières. Les mobilités électriques et partagées minimisent le recours aux énergies carbonées. L’économie circulaire pousse à l’utilisation commune des modes de production, réduisant l’empreinte carbone des activités. Elle stimule aussi les récupérations d’objets au rebut. Le compostage valorise les déchets organiques dans des lieux dédiés et aboutit à la production d’engrais récupérés pour l’agriculture urbaine. Intégrée dans les dispositifs de rétention des eaux pluviales, celle-ci se développe aussi bien en superstructure qu’en pleine terre, dont le rôle positif dans la lutte contre les gaz à effet de serre n’est plus à démontrer.
On trouvera ici (carte à télécharger) des exemples d’outils qui pourront/devront être mis en œuvre. Et au verso de la carte trois exemples de quartiers (îlots République, Bagnolet et Censier) qui pourraient faire l’objet d’aménagements.
Loin de s’imposer unilatéralement, chaque solution sera dédiée, étudiée et définie en fonction des informations fournies par l’immense documentation disponible et la précision des cartes multicritères en lien avec les citoyens ; la boite à outils s’enrichi chaque jour de nouveaux dispositifs.
Inventer Paris à l’horizon 2050 selon des paramètres environnementaux répond à l’évolution planétaire du climat. Sa mutation relève autant de choix politiques que de tous et de chacun. Elle ne nécessite pas de travaux titanesques, mais du pragmatisme, de l’agilité, du mouvement, de l’astuce et de la résilience. Ville durable signifie recyclage, changement, évolution, réactivité aux fluctuations, convergences des initiatives et des actions fondées sur la connaissance des métabolismes aussi bien urbain qu’humain.
Les connaissances et les outils nécessaires à une telle transformation sont disponibles.
L’étude approfondie de l’ensemble des services urbains et des constituants de la ville permet aujourd’hui d’en identifier les composants, de les analyser, de les décrire, de les quantifier. Grâce à la puissance numérique, leurs informations croisées, superposées, cartographiées sont accessibles à tous.
La ville passée au scanner se révèle une constellation de systèmes. En les interrogeant, le changement climatique les met en tension, montre que leur efficacité dépend de leur mutualisation, de leur synergie, à l’image du croisement des réactions chimiques en chaine du métabolisme des êtres vivants.
Désormais, il est possible de penser et d’enclencher les mutations de Paris à partir des sujets liés à l’environnement. Il ne s’agit plus de planifier les formes urbaines, mais de libérer et d’articuler des potentiels d’évolution, parfois déjà là, présents, sous nos yeux, sous nos pieds, et pourtant le plus souvent ignorés.
Paris aujourd’hui, c’est plus de 2 240 000 habitants, une superficie totale de 105 km² y compris les bois de Boulogne et de Vincennes, traversée par 1 700 km de voies. C’est aussi 127 000 bâtiments, 146 millions de m² construits dont 95 millions de m² consacrés aux logements, 126 000 arbres d’alignements, 3 000 hectares d’espaces verts et 460 hectares de toitures terrasses.
Le sous-sol révèle les potentiels de la géothermie, l’extraordinaire maillage des égouts et la valorisation de ses effluents, mais aussi l’existence de réseaux exceptionnels : ceux des eaux potables et non potables réalisés sous Napoléon III ; celui du chauffage urbain. L’eau potable court jusque dans chaque appartement, chauffée pour la cuisine et l’hygiène. Salie après usage, ses calories pourraient être récupérées. Le réseau d’eau non potable, un temps délaissé, réactivé, étendu, sert déjà et servira davantage à l’arrosage des parcs, des parterres et des pieds d’arbres, au nettoyage des rues, à leur rafraîchissement comme à celui de l’air par évaporation pendant les épisodes caniculaires. Une efficacité renforcée quand s’ajouteront les eaux pompées en continu autour des constructions souterraines aujourd’hui le plus souvent rejetées à l’égout. Le réseau de chaleur amorcé dès 1927, avec ses 480 km de longueur, dessert 18 communes de la métropole et un quart des m² construits dans Paris dont 20% des m² de logements. Sa vapeur produite en partie par l’incinération des ordures ménagères dit toute l’importance de leur récupération, de leur valorisation, les économies d’échelle obtenues.
Les immeubles existants et à venir révèlent d’autres potentiels. De la tête au pied. Les plus hauts pourront accueillir des éoliennes, d’autres des terrasses en partie colonisées par des capteurs solaires thermiques et photovoltaïques, des plantations, voire des micro-parcelles de cultures vivrières. La végétalisation des toits s’étendra aux murs pignons, balcons et pergolas et rafraichira la ville en période de canicule. Requalifiées par des panneaux extérieurs d’isolation thermique, épaissies grâce à une double peau vitrée, des façades capteront l’énergie à l’usage et au bénéfice de la copropriété. De nouveaux ouvrants stimuleront la ventilation naturelle, minimisant l’utilisation de la climatisation. Les boucles locales d’énergie, ces réseaux de chauffage de faibles dimensions, échangeront calories et frigories entre îlots et immeubles voisins suivant leurs besoins. L’eau de pluie récupérée en toiture, guidée, alimentera des miroirs d’eau, arrosera la flore et en particulier les arbres d’alignement nouvellement plantés dans les quartiers sensibles aux pics de chaleur. Au sol, béton et bitume désormais perméables la laisseront s’écouler vers des réservoirs d’où, pompée, elle servira au nettoyage des sanitaires et à l’arrosage, etc. La carte qu’on trouvera ici rassemble l’ensemble des informations sur ces potentialités.
Cette gestion croisée des ressources s’étend à la maîtrise des consommations de matières premières. Les mobilités électriques et partagées minimisent le recours aux énergies carbonées. L’économie circulaire pousse à l’utilisation commune des modes de production, réduisant l’empreinte carbone des activités. Elle stimule aussi les récupérations d’objets au rebut. Le compostage valorise les déchets organiques dans des lieux dédiés et aboutit à la production d’engrais récupérés pour l’agriculture urbaine. Intégrée dans les dispositifs de rétention des eaux pluviales, celle-ci se développe aussi bien en superstructure qu’en pleine terre, dont le rôle positif dans la lutte contre les gaz à effet de serre n’est plus à démontrer.
On trouvera ici (carte à télécharger) des exemples d’outils qui pourront/devront être mis en œuvre. Et au verso de la carte trois exemples de quartiers (îlots République, Bagnolet et Censier) qui pourraient faire l’objet d’aménagements.
Loin de s’imposer unilatéralement, chaque solution sera dédiée, étudiée et définie en fonction des informations fournies par l’immense documentation disponible et la précision des cartes multicritères en lien avec les citoyens ; la boite à outils s’enrichi chaque jour de nouveaux dispositifs.
Inventer Paris à l’horizon 2050 selon des paramètres environnementaux répond à l’évolution planétaire du climat. Sa mutation relève autant de choix politiques que de tous et de chacun. Elle ne nécessite pas de travaux titanesques, mais du pragmatisme, de l’agilité, du mouvement, de l’astuce et de la résilience. Ville durable signifie recyclage, changement, évolution, réactivité aux fluctuations, convergences des initiatives et des actions fondées sur la connaissance des métabolismes aussi bien urbain qu’humain.
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