La gestion actif/passif, un nouveau métier
L’évolution de la réglementation, la concurrence accrue entre les établissements bancaires, la vente de produits de plus en plus complexes sont à l'origine de l'organisation fréquente d'un nouveau métier dans les banques: la gestion ActifI/Passif. JeanMichel Charpin, Directeur de la gestion ActifI/Passif à la BNP et Président de l’Afgap1, présente cette évolution au groupe finance de l’Ensae (réunion du 28 novembre 1995).
L'APPARITION DE LA GES11ON ACTIF/PASSIF
La gestion Actif/Passif était avant assurée par les trésoriers des banques. ils avaient des méthodes de couverture très proches de ce que l'on réalise aujourd'hui dans des équipes plus spécialisées. On ne peut donc pas dire que la gestion Actif/Passif est nouvelle; la nouveauté vient de l'apparition d'un métier se structurant. En France par exemple, la BNPa créé sa propre Direction de la gestion Actif/Passif en juillet 1 994. Depuis, des structures similaires ont été créées au Crédit Lyonnais et au CIC. L'Afgap compte aujourd'hui 118 membres, qui sont tous des professionnels de la gestion Actif/Passif. La gestion Actif/Passif est donc un milieu en mouvement.
Elle est apparue aux début des années 80 aux ÉtatsUnis. En effet, à la suite de la débâcle des caisses d'épargnes américaines, les institutions financières ont voulu vérifier leur solvabilité, évaluer leur risque de taux, contrôler leur liquidité. Les banques ont d'abord monté des missions d'études, puis des équipes d'ALM se sont structurées.
L'Europe n'a pas connu de problèmes comparables à ceux des ÉtatsUnis. Néanmoins, la gestion Actif/Passif se met peu à peu en place. On s'est en effet rendu compte d'une évolution du comportement de la clientèle: les clients cherchent de plus en plus à optimiser leurs opérations financières et réagissent rapidement. Par exemple, en 199,4, les remboursement anticipés d'emprunts suite à la baisse des taux ont été massifs.
STRUCTURATION DU MÉTIER
La première étape est souvent la création de comités de gestion Actif/Passif. Puis les établissements ont tendance à créer une Direction Financière chargée de la gestion des fonds propres de l'institution; c'est à elle que revient en particulier la mission de gestion Actif/Passif.
La question de la relation entre la salle des marchés et la gestion Actif/Passif est résolue de manière différente en fonction des banques. Certaines Directions de la gestion Actif/Passif ont leurs propres opérateurs. D'autres passent par la Direction des marchés de capitaux.
CARACTÉRISTIQUES DU MÉTIER
Traitement des données
La gestion Actif/Passif nécessite des compétences en terme de collecte de l'information. En effet, le volume d'informations à traiter est important, le dispositif d'information est en général lourd. On peut noter que la gestion Actif/Passif utilise le plus souvent une information exhaustive plutôt que des sondages.
La constitution des bases de données est difficile. Le gestionnaire actif/passif doit être capable d'organiser ce système.
Analyse Financière
Les gestionnaires actif/passif font l'analyse des produits que les commerciaux veulent lancer. Ils veillent à leur rationalité financière, vérifient qu'une possibilité de couverture existe.
Deux types de techniques sont employées pour la mesure du risque de taux d'intérêt. La première consiste à calculer les pertes potentielles (on a alors une approche par la duration). La deuxième méthode est une approche par les marges d'intérêt; elle consiste en des simulations en fonction de l'évolution des marchés.
Le choix de l'une ou l'autre des méthodes est influencée par le traitement comptable (proratisé ou en valeur de marché). De plus, quand de nombreuses opérations sont réalisées sans échéance (les dépôts à vue par exemple), la simulation présente l'avantage d'économiser des conventions.
Économie
Le gestionnaire actif/passif analyse les comportements optionnels de la clientèle (qui ne sont pas toujours les plus rationnels financièrement).
Le gestionnaire actif/passif doit avoir des compétences de conioncturiste. En effet, le plus souvent, l'adossement n'est pas systématique; le gestionnaire prend des positions nettes en fonction de son appréciation de la tendance des marchés.
Prise de décision
Le gestionnaire actif/passif doit être capable de prises de positions tranchées. Il doit avoir toute la confiance de la Direction Générale.
CONCLUSION
Jusqu'à présent, les gestionnaires actif/passif sont venus de divers horizons: trésoriers, contrôleurs de gestion, comptables... Ce n'est pas encore une spécialité qui a son propres cursus, mais c'est appelé à le devenir. Étant données les compétences nécessaires, les anciens élèves de l'Ensae semblent avoir tous les atouts pour réussir dans ce métier.
Isabelle Roméro (1994) Maaf / Département Financier
1 AFGAP: Association Française des Gestionnaires Actif/Passif
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